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Cyberattaque mondiale sur SharePoint : l’urgence de la souveraineté numérique française

par | 21 Juil 2025 | Actualité | 0 commentaires

Les cyberattaques ciblant les infrastructures critiques des entreprises et administrations se multiplient à un rythme alarmant, avec des conséquences économiques et stratégiques majeures. Les plateformes collaboratives comme SharePoint, utilisées massivement dans les organisations françaises, constituent désormais des cibles privilégiées pour les cybercriminels. Oui mais face à cette menace grandissante, la dépendance aux solutions propriétaires étrangères expose notre territoire à des risques de souveraineté numérique sans précédent. Heureusement, l’émergence de solutions open source françaises et européennes offre aujourd’hui des alternatives crédibles pour reprendre le contrôle de notre infrastructure numérique tout en renforçant notre sécurité.

Anatomie d’une cyberattaque mondiale : SharePoint dans la ligne de mire

Les vulnérabilités exploitées massivement

Les attaques récentes contre SharePoint révèlent l’ampleur des failles de sécurité présentes dans cette plateforme collaborative de Microsoft. Les cybercriminels exploitent principalement des vulnérabilités de type Remote Code Execution (RCE) qui permettent l’exécution de code malveillant à distance sans authentification préalable. Ces failles, référencées  CVE-2025-53770 et CVE-2025-53771, touchent particulièrement les versions SharePoint Server 2019 et Subscription Edition, encore largement déployées dans les infrastructures françaises. L’exploitation de ces vulnérabilités permet aux attaquants d’exécuter du code arbitraire à distance et permettent aux pirates de prendre le contrôle des serveurs, avec tout ce que cela suppose de danger pour les données hébergées.

La sophistication des attaques s’illustre par l’utilisation de techniques d’évasion avancées, notamment le living off the land qui consiste à détourner des outils légitimes du système pour mener des activités malveillantes. Les groupes d’attaquants, souvent liés à des États-nations, déploient des webshells persistants qui leur garantissent un accès durable aux systèmes compromis. Cette persistance leur permet de mener des campagnes d’espionnage industriel ou de préparer des attaques de plus grande envergure contre les infrastructures critiques françaises.

L’impact dévastateur sur les organisations françaises

Les conséquences de ces cyberattaques dépassent largement le cadre technique pour affecter directement la compétitivité économique française. Les entreprises victimes subissent en moyenne 21 jours d’interruption de leurs activités collaboratives, générant des pertes estimées à plusieurs millions d’euros selon l’ANSSI. Les administrations publiques ne sont pas épargnées, avec des cas documentés de compromission de données sensibles dans plusieurs ministères et collectivités territoriales. Cette situation compromet la confidentialité des échanges gouvernementaux et fragilise la confiance des citoyens envers les services publics numériques.

Au-delà des aspects financiers, ces attaques révèlent une dépendance stratégique problématique aux technologies américaines dans des secteurs régaliens. L’analyse des incidents montre que les organisations utilisant SharePoint peinent à détecter les intrusions, faute de visibilité suffisante sur le code source propriétaire de Microsoft. Cette opacité technique empêche une réponse efficace aux menaces et place les défenseurs en position de faiblesse face à des attaquants qui maîtrisent parfaitement les vulnérabilités de ces systèmes fermés.

La souveraineté numérique : un enjeu stratégique pour la France

Dépendance technologique et risques associés

La France fait face à une dépendance critique aux solutions numériques étrangères, particulièrement américaines, qui représentent plus de 80% des logiciels utilisés dans les administrations publiques selon la DINUM. Cette situation expose le pays à des risques multiples : espionnage économique, coupure d’approvisionnement technologique en cas de tensions géopolitiques, et impossibilité de contrôler la sécurité des systèmes critiques. L’affaire Snowden et les révélations sur les programmes de surveillance de masse ont démontré que les entreprises technologiques peuvent être contraintes de collaborer avec les services de renseignement de leur pays d’origine. Dans ce contexte, l’utilisation massive de SharePoint dans les infrastructures sensibles françaises constitue un angle mort sécuritaire majeur.

Les clauses extraterritoriales du droit américain, notamment le Cloud Act, permettent aux autorités américaines d’accéder aux données stockées par les entreprises américaines, même lorsque ces données sont hébergées en Europe. Cette réalité juridique compromet la confidentialité des informations stratégiques françaises et européennes. L’analyse des contrats Microsoft révèle des clauses permettant la modification unilatérale des conditions de service, y compris en matière de localisation des données et d’accès par les autorités américaines, créant une insécurité juridique permanente pour les utilisateurs européens.

Les initiatives gouvernementales pour la souveraineté

Le gouvernement français a lancé plusieurs programmes ambitieux pour reconquérir sa souveraineté numérique, notamment le plan France 2030 qui alloue 7 milliards d’euros au secteur numérique. La stratégie nationale pour le cloud de confiance vise à développer des solutions européennes certifiées SecNumCloud, garantissant un niveau de sécurité et de souveraineté adapté aux besoins régaliens. L’État encourage activement la migration vers des solutions open source à travers le socle interministériel de logiciels libres (SILL), qui référence plus de 200 solutions alternatives aux logiciels propriétaires étrangers. Cette démarche s’accompagne de la création de forges logicielles publiques comme code.gouv.fr, permettant aux administrations de mutualiser leurs développements et de réduire leur dépendance technologique.

La directive européenne NIS2, transposée en droit français, renforce les obligations de cybersécurité pour les opérateurs d’importance vitale et les entités essentielles. Cette réglementation impose une analyse de risque approfondie des solutions technologiques utilisées, incluant leur origine géographique et leur modèle de gouvernance. Les administrations doivent désormais justifier l’utilisation de solutions non-européennes et démontrer la mise en place de mesures compensatoires pour limiter les risques de souveraineté. Cette évolution réglementaire crée un environnement favorable au développement de l’écosystème technologique français et européen.

Les alternatives open source françaises : vers l’indépendance technologique

Solutions collaboratives souveraines

L’écosystème français propose aujourd’hui des alternatives crédibles à SharePoint, développées selon les principes de l’open source et respectant les exigences de souveraineté numérique. Nextcloud, bien qu’initialement allemand, bénéficie d’un écosystème français dynamique avec des intégrateurs comme Arawa ou Linagora qui proposent des versions adaptées aux besoins des administrations françaises. Cette solution offre des fonctionnalités collaboratives complètes : partage de fichiers, édition collaborative, visioconférence, et calendrier partagé, le tout avec un contrôle total sur les données et leur localisation. L’architecture modulaire de Nextcloud permet une personnalisation poussée et l’intégration d’applications métiers spécifiques aux besoins français.

La solution française Tuleap, développée par Enalean, se positionne comme une alternative robuste pour la gestion de projets collaboratifs et le développement logiciel. Utilisée par des grands groupes français comme Thales ou Orange, Tuleap démontre sa capacité à répondre aux exigences de sécurité et de performance des organisations critiques. Sa philosophie open source garantit la transparence du code et permet aux utilisateurs de contribuer à son évolution, créant un cercle vertueux d’amélioration continue. Les fonctionnalités avancées incluent la gestion agile, le suivi des exigences, l’intégration continue, et des tableaux de bord personnalisables qui surpassent souvent les capacités natives de SharePoint.

L’écosystème d’innovation français

Le tissu industriel français développe une offre technologique de plus en plus mature dans le domaine de la collaboration numérique. OVHcloud propose des services d’hébergement souverain qui permettent aux organisations de déployer leurs solutions collaboratives en respectant les exigences réglementaires françaises et européennes. Cette approche garantit la localisation des données sur le territoire national et l’application exclusive du droit français. L’entreprise française Jalios développe une plateforme collaborative complète, utilisée par de nombreuses administrations publiques, qui intègre nativement les exigences d’accessibilité et de sécurité du secteur public français.

L’initiative Osmose, portée par la Direction interministérielle du numérique (DINUM), fédère les efforts de développement de solutions numériques souveraines pour l’administration française. Ce programme encourage la mutualisation des développements entre administrations et la création de communs numériques réutilisables. Les résultats sont encourageants avec des économies estimées à plusieurs dizaines de millions d’euros et une réduction significative de la dépendance aux solutions propriétaires étrangères. Cette dynamique s’étend aux collectivités territoriales qui développent leurs propres solutions ou s’appuient sur des consortiums régionaux pour mutualiser leurs investissements technologiques.

Stratégie de migration sécurisée vers les solutions souveraines

Méthodologie de transition progressive

La migration depuis SharePoint vers des solutions souveraines nécessite une approche méthodologique rigoureuse pour minimiser les risques opérationnels et garantir la continuité de service. La première étape consiste en un audit complet de l’existant, incluant l’inventaire des fonctionnalités utilisées, l’analyse des flux de données, et l’identification des intégrations critiques avec d’autres systèmes. Cette phase permet de dimensionner précisément les besoins et de sélectionner la solution alternative la plus adaptée. L’approche par proof of concept sur un périmètre restreint permet de valider la faisabilité technique et l’acceptation utilisateur avant un déploiement généralisé.

La stratégie de migration hybride s’avère souvent la plus pragmatique, permettant une coexistence temporaire entre l’ancien et le nouveau système pendant la phase de transition. Cette approche nécessite la mise en place de passerelles techniques pour assurer la synchronisation des données et maintenir la productivité des équipes. Les outils de migration automatisée, développés par l’écosystème open source français, facilitent le transfert des contenus et la préservation de l’historique collaboratif. La formation des utilisateurs et l’accompagnement au changement constituent des facteurs critiques de succès, nécessitant un investissement significatif en ressources humaines et en communication interne.

Gouvernance et sécurité des données

La migration vers des solutions souveraines offre l’opportunité de repenser fondamentalement la gouvernance des données collaboratives. L’implémentation de politiques de classification automatique des documents selon leur niveau de sensibilité permet un contrôle d’accès granulaire et une traçabilité complète des actions utilisateur. Les solutions open source offrent une flexibilité supérieure pour l’intégration d’outils de prévention de fuite de données (DLP) et de chiffrement bout-en-bout, garantissant une protection optimale des informations sensibles. Cette approche sécuritaire renforcée répond aux exigences croissantes des réglementations européennes en matière de protection des données personnelles et de cybersécurité.

L’architecture de sécurité des solutions souveraines s’appuie sur des principes de zero trust et de défense en profondeur, avec une authentification forte systématique et une surveillance continue des activités suspectes. Les capacités d’audit natif des solutions open source permettent une traçabilité complète des accès et modifications, facilitant les investigations en cas d’incident de sécurité. La possibilité d’auditer le code source constitue un avantage décisif pour identifier et corriger rapidement les vulnérabilités, contrairement aux solutions propriétaires où les organisations dépendent entièrement de la réactivité de l’éditeur. Cette transparence technique renforce la confiance et permet une gestion proactive des risques de cybersécurité.

Face aux cyberattaques massives visant SharePoint et aux enjeux croissants de souveraineté numérique, la France dispose aujourd’hui d’alternatives technologiques crédibles pour reprendre le contrôle de son infrastructure collaborative. L’écosystème open source français et européen offre des solutions matures qui concilient sécurité, performance et indépendance technologique. La transition vers ces solutions souveraines représente un investissement stratégique pour l’avenir numérique français. Pour accompagner votre organisation dans cette démarche de souveraineté numérique et sécuriser vos infrastructures collaboratives, Laxmi Digital vous propose son expertise en solutions open source et en cybersécurité adaptées aux enjeux français.

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